Vernissage exposition La Grande Guerre

le 02/11/2017

L'inauguration de l'exposition dédiée à la Grande Guerre de 14-18 en partenariat avec les Archives Départementales de l’Allier et LACME s'est déroulée vendredi soir, dans une salle Robert Devaux chargée d'émotions.

Les nombreuses personnes présentes ont été très sensibles à la lecture de l' Ordre de mobilisation générale et des lettres de poilus adressées à leur famille par Monsieur Yves Vacher et les membres de la Commission Culture. Puis dans son discours, Monsieur le Maire, Bernard Aguiar a rendu un hommage particulier aux soldats vernétois morts pour la France durant cette terrible guerre. Après un remerciement à toutes les personnes qui ont permis la réalisation de cette exposition, la soirée s'est terminée par le partage du verre de l'amitié.

Obus, uniformes, artisanat de tranchées, armes, médailles, livres, correspondances prêtés... par des familles et amis Vernétois complètent les panneaux d'information sur l’Allier dans la Première Guerre mondiale et sur Les Martyrs de Vingré.

L’exposition ponctuée de plusieurs animations, est ouverte au public tous les jours jusqu'au 12 novembre 2017, de 14h00 à 19h00.

 

Textes et lettres lus lors de cette soirée:

 

Le samedi  1er août 1914, entre 16 heures et 17 heures, alors que l’Allemagne vient de déclarer la guerre à  la Russie, tous les clochers et beffrois de France sonnent le tocsin.

En cette heure tragique, par décret, « La mobilisation des armées françaises de terre et de mer est ordonnée sur toute l’étendue du territoire français, de l’Algérie, dans les autres colonies et dans les pays de protectorat ».

Et c’est ainsi que débuta une guerre qui ne devait durer que quelques mois…Durant 4 longues années, les soldats et leurs familles échangèrent des centaines de milliers de lettres et de cartes postales. En voici la lecture de quelques unes :

 

« Chers parents. Suis toujours en bonne santé et désire que vous soyez tous de même »

Armand Tartre, Soldat français

 

« Chers tous, je suis, grâce à Dieu, toujours en bonne santé et espère que vous l’êtes aussi »

Wilhem Hulle, Soldat allemand

 

Cette simple phrase utilisée entre un fils et ses parents, prend une toute autre résonnance dans le contexte de la 1ère guerre mondiale. Derrière la banalité de ces mots se cache un message, celui d’un soldat subissant l’enfer de la guerre, qui veut transmettre à sa famille la nouvelle qu’il est toujours vivant.

Gardons toutes et tous en mémoire, qu’en moyenne, près de 900 français et 1 300 allemands sont morts chaque jour entre 1914 et 1918, et pour beaucoup d’entre eux, ils étaient de jeunes soldats à l’aube de leurs vies.

 

Bonnet Framont, soldat bussétois dont la sœur était Vernétoise

 

Le 11 décembre 1914

 

Chère sœur

 

Je réponds à ta lettre qui m’a fait plaisir de savoir que vous êtes en bonne santé.

Quant à moi, je me porte toujours bien pour le moment.

Tu ne me parles jamais de ces pauvres malheureux qui sont morts cependant il y en a pas mal.

Moi je ne me suis pas encore battu mais je crois que ça ne va pas tarder. On nous dit qu’on va prendre le train cette nuit mais on sait pas où on va aller.

Je t’écrirais aussitôt que je le saurais mais si tu vois Madeleine tu ne lui en parleras pas. Je ne veux pas lui dire qu’on risque d’aller se battre.  Ce n’est pas encore sûr mais ils ne vont pas nous laisser toujours comme ça.

Plus rien à dire pour le moment.

Je finis ma carte en vous embrassant.

Ton frère qui t’aime.

Bonnet

 

Caporal Henri Floch, la veille de son exécution le 4 décembre 1914

 

Ma bien chère Lucie, 

Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé. Voici pourquoi :

Le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m’ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J’ai profité d’un moment de bousculade pour m’échapper des mains des Allemands. J’ai suivi mes camarades, et ensuite, j’ai été accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi.

Nous sommes passés vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre. Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu’il y a dedans.

Je te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l’âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l’embarras dans lequel je vais te mettre…

Ma petite Lucie, encore une fois, pardon.

Je vais me confesser à l’instant, et j’espère te revoir dans un monde meilleur.

Je meurs innocent du crime d’abandon de poste qui m’est reproché. Si au lieu de m’échapper des Allemands, j’étais resté prisonnier, j’aurais encore la vie sauve. C’est la fatalité !

 

Ma dernière pensée, à toi, jusqu’au bout.

 

Henri Floch

 

Soldat Maurice Sieklucki - 6 juin 1915  (Bataille d’Artois)

 

Aujourd’hui, j’écris dans mon gourbi au son de toutes sortes de canons. Hier, il a fallu faire des kilomètres dans le boyau, c’est inquiétant. Cette nuit, j’ai dormi merveilleusement malgré les poux qui commençaient à m’envahir. Nous passons notre journée à manger, à dormir, à écrire et à compter les arrivées et les départs du 75 et des marmites (obus de gros calibre).

Si tu voyais dans quel état ils ont mis les villages par ici… c’est atroce… »

La nuit, j’ai veillé au créneau et à une heure nous recevons l’ordre de monter nos sacs, depuis une heure et demi du matin et jusqu’à midi et quart, nous restâmes dans ce boyau à attendre.

A midi et demi, nous mettons baïonnette au canon et sac au dos, l’adjudant, un héros, monte sur la tranchée et crie « en avant ! » Toute la compagnie est sortie ensemble sans hésitation, le sourire aux lèvres d’un seul mouvement.

Mais lorsque nous arrivâmes sur la crête…quelle fusillade, ô mon dieu. Les mitrailleuses crépitèrent, on avait cru marcher dans un mur de fer. Le champ de trèfle sur lequel nous nous trouvions (oh ! je m’e, rappellerai toute ma vie de ce champs de trèfle) était encore parsemé de cadavres du 9 mai, en décomposition…

Nous chargions au pas, et nous arrivâmes jusqu’au fil de fer des Boches à 30 m de leur tranchée…

Je pars, je tombe, touché d’une balle à l’oreille et tous sont fauchés autour de moi.

Il a fallu s’arrêter là. Je saignai beaucoup, alors je défais mon paquet de pansement et je me l’installe, puis je mets mon sac devant moi et je me cache dans un trou d’obus que je garnis de terre tout autour de moi.

Je suis resté là, immobile, couché sur le ventre toute la journée, 9h entières.

Tant que je vivrai, je me souviendrai de cette journée si angoissante, j’ai eu le temps de réfléchir à la faiblesse des choses humaines pendant qu’un tas de malheureux agonisait autour de moi.

Tous les officiers étaient morts. Tous les chefs de section hors de combat.

Je décidais de partir avec 2 poilus vers les lignes françaises.

Les français croyaient si bien n’avoir plus des nôtres devant eux qu’ils nous tiraient dessus…

Lorsque j’arrivais dans les lignes, j’étais fou, je pleurais comme un pauvre gosse d’avoir vu tomber tous mes copains…

 

Soldat Jean Dron - 12 septembre 1915

 

 […] Cette tuerie durerait encore plusieurs années que ça serait encore les mêmes qui seraient encore dans les tranchées, et quoi faire et dire, ils nous tiennent et nous matent à leur guise. Ils veulent les avoir, c’est facile à dire et à écrire. Ceux qui font les articles de journaux souffrent moins que moi en t’écrivant, car moi, ma petite Lucie, pour me consoler, je n’ai que ton image qui est constamment devant moi pour t’écrire. C’est facile avec la peau des autres de dire : Nous les aurons.

Ce sera long mais nous tiendrons juste un jour de plus qu’eux. S’ils veulent les avoir, ils feraient pas mal de venir les chercher et les prendre.

Moi je donnerais bien ma part. Mais ils sont à l’arrière, roulent les autos et avant ils faisaient raser la moustache pour les défigurer à des hommes qui maintenant tiendraient aussi bien le volant qu’eux. Il y en a de la fourrée partout de leur sale guerre, sauf dans les tranchées où nous ne sommes que travailleurs de tout métier, eux font la bombe à l’arrière.

Et quand par hasard un des leurs paye de sa peau, toute la presse en parle. On dirait que c’est le dernier de leur race. C’est pour dire à l’opinion publique, ma petite chérie, vous voyez, il en tombe aussi bien des nôtres que de vôtres. Ceux qui sont parmi nous comme gradés, ça se comprend.

Si tu avais vu comme ils se font bien servir, ils se font monter le champagne par ballots, fument de gros cigares et touchent du tabac fin. Même les dons, ils regardent dedans et prennent ce qui leur convient.

Cependant ils gagnent de l’or plus gros qu’eux et nous un sou par jour. C’est vrai que c’est bien bon pour nous.

Nous sommes assez bêtes. […]

 

Le 4 mai 1916, un soldat évoque dans une lettre, non seulement, les blessures physiques mais aussi les troubles psychologiques que risquent de subir tous les soldats revenus de l’enfer de Verdun.

Après cinq jours de lignes les plus terribles que j’ai connu, nous sommes ramenés harassés, fourbus, à moitié endormis et à demi fous, au repos, à 20 kms de l’arrivée. Juste le lendemain, le dimanche 30 avril, comme dans l’après midi nous profitions du soleil après un repas réparateur, arrivent une dizaine d’avions boches qui jettent des bombes sur les cantonnements.

Il en tombe deux sur le mien dont une à quatre mètres de moi. Aveuglé, étourdi, fou, couvert de sang des pieds à la tête, j’ai fait 200 mètres sans savoir ce que je faisais.

Comme les dégâts étaient très importants, on m’a embarqué, dès mon pansement fait, sur une ambulance.

Ce qui est stupide, c’est d’éviter plus de vingt fois la mort par les obus, par les balles, par les grenades en cinq jours et de venir nous détériorer au repos.

Je te causerai de tout cela par le détail au repos, quand le serai près de vous et tu verras que ceux qui reviennent de Verdun sans être ni fous, ni blessés, sont des veinards.

Cela dépasse toute imagination.     

 

                               

Antoine Lafarge, soldat Cussétois qui décèdera des suites de ses blessures en Serbie, en 1917.

Le 11 février de cette même année

Mon Cher Maxime,

J’ai reçu ta lettre qui m’a fait grand plaisir.

Je n’ai pu te répondre plus tôt car comme je vous l’ai écrit l’autre jour, nous avons été du 5 au 10, en pleine attaque. Attaque qui, entre parenthèses n’a donné que la moitié des résultats que l’on attendait.

Nous, nous étions les plus avancés dans la bande de la « Cerna » et nous n’avons pas avancé car les ailes n’ont pas progressé assez. Je vais te faire le récit du combat, le premier important que je vois.

Le premier jour, bombardement : on tire 500 coups par pièce, la nuit ont continue la canonnade.

Le 6, rebombardement, on allonge le tir.

Les « boches » croient à la sortie et font un barrage formidable.

Le 7, rerebombardement. La nuit les boches attaquent mais échouent devant le barrage français. Une de nos pièces a sauté.

Le 8, rererebombardement, je suis à moitié sourd. Les boches, d’après des prisonniers, ont de grandes pertes en artilleries, on leur ferme la g….

Le 9, à 6 heures du matin, précédée par nos feux, l’infanterie sort. Elle tombe sur un bec, ils arrivent cependant sur la ligne avec de grosses pertes, mais les boches canonnent furieusement, les mitrailleuses se sont reculées et fauchent les coloniaux qui doivent se reculer.

On a repéré les abris à mitrailleuses et on « bille » ferme dessus.

De bonnes nouvelles nous parviennent.

Nous avons, par notre formidable préparation d’artillerie attiré sur nous les forces adverses et fait une grosse diversion. Les Russes et Serbes avancent à droite, les Français et Italiens avancent sur la gauche.

A 10h30, on réattaque sans pouvoir cependant avancer, on piétine.

Les renforts manquent. Enfin aujourd’hui on ravitaille, va-t-on recommencer…

Il fait chaud, les hommes et les chevaux n’en peuvent plus. A mon humble avis, l’attaque a été commencée trop tard et mal.

Au revoir, mon cher Maxime, embrasse Louise de ma part,

 

Antoine

 

 

Quelques lignes d’une lettre du soldat Martin Vaillagou à son fils Maurice qui lui demande de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien

 

« Je vais exaucer les vœux à Maurice dans la mesure du possible. D’abord pour les lignes de combat, je vais tracer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer à maman, à moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pourrai le faire. J’en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n’est pas sûr. Ce n’est pas maintenant le moment d’aller les décoiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis mon pauvre Maurice, il faut réfléchir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu’un garçon Prussien écrive à son père la même chose que toi et qu’il lui demande un képi de Français, et si ce papa prussien rapportait un képi de Français à son petit garçon et que ce képi fut celui de ton papa ? Qu’est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plus tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque Prussien, je vais t’envoyer à toi, à Raymond, maman peut les recevoir aussi, des petites fleurs de primevères que les enfants du pays où je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi le grand enfant, j’ai cueillies cette année dans leur jardin pour te les envoyer. …

Martin Vaillagou

 

Cette guerre fera plus d’un million et demi de victimes françaises dont 15 000 Bourbonnais et parmi elles, 22 poilus Vernétois :

Claudius ALLION

Gilbert BARDET

Jean BARDIAUX

Louis BIGAY

Gabriel BUTAUD

Claude CHARGUERAUD

Antonin COLOMBIER

Jean CORRE

Auguste DACHARD 

Gabriel DACHER

Victor DESIAGE

Ernest DURANTON

Alfred GIRAUD

Claude MILLERET

Philippe MOUSSIER

Jules NATUREL

Alphonse PIGERON

Pierre PIROCHE

Jean Baptiste RIBOULIN

Gabriel ROCHE

Pierre VERMORELLE

et Louis VEXENAT.

 

L’exposition qui vous est proposée est un hommage à tous ces poilus...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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